Après une année "compliquée", les distributeurs CVC veulent croire en des "signaux positifs"

Sans surprise, le CVC a fait les frais de la crise du logement en 2024. Contexte économique morose, instabilité politique et conditions de financement peu favorables ont fait passer tous les voyants du marché du bâtiment dans le rouge : -11,7% pour les mises en chantier de logements, -10,3% pour celles du non résidentiel, -1,4% pour l'entretien-rénovation dans le résidentiel et -10,4% pour les transactions immobilières dans l'ancien, comme le rappelle la Fédération des distributeurs d'équipements et de solutions électriques, génie climatique et sanitaires (Coédis) dans son bilan 2024.
Dans ces conditions, la demande s'est effectivement avérée faible pour la distribution professionnelle, qui a vu son chiffre d'affaires se rétracter de 7,2% en 2024, atteignant 14 milliards d'euros. Le négoce accuse lui aussi une baisse de 7% de son activité. Dans le détail des branches, l'électricité et le CVC, qui pèsent respectivement 40% et 33% de l'activité globale de Coédis, ont enregistré 5,36 et 4,42 milliards d'euros, soit -5,37% et -10,21% sur 12 mois (voir l'encadré pour le détail des familles de produits).
L'évolution 2023/2024 du chiffre d'affaires des équipements CVC par famille (et leur poids dans le marché) :
- Pompe à chaleur air-air (17,52%) : 774 M€, -6,74%
- Pac air-eau (13,52%) : 598 M€, -29,91%
- Pac eau/eau : 5 M€, -4,78%
- Chaudières (13,47%) : 596 M€, -2,82%
- Chauffe-eau (12,10%) : 535 M€, -4,74%
- Équipements solaires/photovoltaïques (6,03%) : 267 M€, +20,56%
- Générateurs biomasse (1,49%) : 66 M€, -26,01%
- Émetteurs de chauffage électrique (8,35%) : 369 M€, -6,04%
- Émetteurs de chauffage sur boucle d'eau (7,17%) : 317 M€, -12,22%
- Émetteurs de chauffage aéraulique (0,49%) : 22 M€, -7,82%
- Accessoires et équipements thermodynamiques périphériques de Pac (6,84%) : 303 M€, -10,11%
- Équipements thermiques (5,65%) : 250 M€, -11,76%
- Ventilation (7,25%) : 320 M€, -9,3%
Diversification des services
Parmi les grandes tendances, Coédis note un ralentissement du remplacement des anciens générateurs, qui aurait entraîné une chute de 50% des rénovations par gestes, ainsi que les difficultés induites par les restrictions imposées par la RE2020, avec l'exemple de l'interdiction des chaudières fioul qui engendrerait des réparations à coûts limités.
En avril 2024, la baisse de 30% du dispositif d'aide Ma prime rénov' sur les équipements biomasse s'en est également ressentie sur les ventes, et bien que les rénovations d'ampleur aient grimpé de 28% l'an dernier, la volumétrie "reste très en deçà du potentiel de marché en regard du parc des passoires thermiques", souligne Coédis. À cela s'ajoutent l'instabilité des mécanismes de soutien et le recul des investissements dans l'immobilier, en neuf comme en rénovation, causé par les conditions de financement défavorables.
Les acteurs se sont rattrapés en renforçant et en diversifiant leurs offres de services, notamment à destination des bureaux d'études, mais aussi en termes de parcours client : libre-service, "click and collect", boutiques en ligne, applications mobiles... Il n'empêche que 2024 restera une "année compliquée" pour le génie climatique.
Le confort d'été, une "opportunité" pour le PCRBT
Du côté de la plomberie, dont le CA diminue de 9,34% à 1,05 milliard d'euros, Coédis note une chute de 17% de l'hydrodistribution (planchers chauffants/rafraîchissants) pour les systèmes polyoléfines et multicouches, ainsi qu'un fort impact sur les tubes multicouches en diamètre 32, utilisés pour les raccordements de Pac - une tendance déjà relevée par le syndicat Cochebat.
L'espoir demeure néanmoins dans la mesure où la RE2020 et sa notion de confort d'été pourraient représenter une "opportunité" pour le système PCRBT (plancher chauffant rayonnant basse température). On retiendra que la robinetterie pour le bâtiment et le gaz dégringole de 11,78%, à 201 M€, quand les tubes et raccords perdent 13,05%, à 610 M€.
Les pièces détachées profitent de la baisse des ventes de produits finis
Enfin, le marché des pièces détachées a bénéficié d'une petite hausse de 1,90% en 2024, atteignant les 224 M€. Dans ce domaine, Coédis constate une tendance positive pour le génie climatique, dans la mesure où l'impact de la baisse des ventes de produits finis tend à "réparer plutôt que remplacer". De même, la loi Climat et résilience de 2021 réduit la période de monopole du fabricant de 10 ans, ce qui permet aux négoces spécialisés de se positionner plus stratégiquement.
La fédération estime malgré tout que le retour à la croissance, qui "ne sera probablement pas pour ce 1er semestre 2025", devrait finir par se concrétiser grâce à plusieurs "signaux positifs" : une loi de Finances plutôt favorable votée en début d'année, un regain d'activité dans le logement collectif neuf, une progression des surfaces dans le non résidentiel, l'émergence de nouvelles solutions de financement de l'habitat, et les enjeux de rénovation et d'adaptation des logements face aux problématiques de précarité énergétique et de vieillissement de la population.
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