Ma prime rénov' : les monogestes ne seront finalement pas concernés par la suspension de l'aide

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 17 juin 2025
Illustration isolation thermique rénovation énergétique
Crédit photo iStock/artursfoto
Illustration de travaux d'isolation thermique.
ÉCONOMIE. Le ministère du Logement a indiqué que les travaux isolés resteront éligibles durant la révision estivale du dispositif. Certains acteurs applaudissent, d'autres dénoncent un "contresens total".

Nouveau rebondissement dans ce qui pourrait ressembler à la saga de l'été 2025 : le guichet des monogestes ne sera finalement pas concerné par la suspension temporaire du dispositif d'aide Ma prime rénov'. Le cabinet de la ministre du Logement Valérie Létard a indiqué ce 16 juin que les travaux isolés, comme le remplacement d'une chaudière, seront donc toujours éligibles à l'enveloppe du dispositif.

Roquelaure a toutefois prévenu que ce maintien ne devait pas non plus être considéré comme "une pérennisation sans conditions" des monogestes. Ceux-ci pourraient ainsi faire l'objet d'aménagements d'ici à l'année prochaine, notamment en les recentrant sur les logements énergivores ou en abaissant le plafond des subventions.

Des aménagements à prévoir en 2026

Toujours est-il que cette décision est perçue comme une victoire par les organisations professionnelles qui s'étaient mobilisées en faveur des travaux isolés. "L’absence de gel de l’aide aux monogestes redonne de l’espoir à des centaines de milliers d’artisans et entrepreneurs du bâtiment, rassure des centaines de milliers de ménages, et rend à nouveau possible l’atteinte des grands objectifs de la transition écologique", s'est félicité le président de la FFB (Fédération française du bâtiment), Olivier Salleron.

Reçus ce 17 juin au matin par Valérie Létard avec le reste de la délégation des professionnels du bâtiment, les représentants d'Uniclima se réjouissent également de la décision ministérielle. "Pour aller plus loin, en concertation avec les acteurs de la filière, la ministre a annoncé plusieurs chantiers : l'ouverture d'une réflexion sur un futur dispositif de rénovation par gestes successifs, la lutte renforcée contre la fraude, et la préparation des conditions d'application des monogestes en 2026", confirme le syndicat sur LinkedIn.

Un gaspillage d'argent public ?

D'après les industriels, "un nouveau rendez-vous a été pris deuxième quinzaine de juillet avec ce comité de suivi". Le ton est toutefois radicalement différent au sein du collectif Rénovons : dénonçant "l’irresponsabilité" du Gouvernement, le groupement d'acteurs regrette qu'il ait "cédé à la pression de la FFB en sacrifiant les rénovations performantes sur l’autel des monogestes, unanimement reconnus comme inefficaces".

Cité dans un communiqué, Damien Barbosa, le coordinateur du collectif, estime que l'exécutif fait désormais passer MPR "pour une subvention uniquement destinée aux entreprises du bâtiment, et non plus une aide véritable à la rénovation énergétique pour tous les citoyens". Selon ses membres, les rénovations performantes présenteraient l'intérêt de réaliser davantage d'économies d'énergie tout en améliorant significativement le confort thermique et en réduisant massivement les émissions polluantes.

En laissant la porte ouverte aux monogestes, "le Gouvernement gaspille des deniers publics" alors que "ce sont précisément les rénovations performantes qui permettent de sortir durablement les ménages de la précarité énergétique et de répondre à l’urgence climatique", appuie Maider Olivier, chargée de plaidoyer à la Fondation pour le logement des défavorisés. Face à ce "contresens total", le collectif Rénovons appelle à rétablir l'accès de MPR aux rénovations globales et performantes, "avec des moyens et un accompagnement renforcé, et une communication claire à destination des ménages".


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