Sur la rénovation, "nous avons a minima besoin d’un plan quinquennal", Olivier Salleron (FFB)
"Le logement, le mal-aimé de la République." C'est ainsi que la Fédération française du bâtiment (FFB) a intitulé sa dernière conférence de presse de l'année 2025, qui s'est tenue ce 16 décembre. "Mal-aimé est un mot direct et grave, qui j’espère va faire réagir sur la situation en métropole et en outre-mer, car cette situation risque de finir par faire descendre les Français dans la rue un jour ou l'autre", commente Olivier Salleron, le président de l'organisation patronale.
Pour le secteur, l'heure est donc au bilan de l'année 2025. Les perspectives de l'année 2026, elles, sont conditionnées au vote du projet de loi de Finances (PLF), qui devrait achever son marathon parlementaire à la fin de cette semaine. La FFB estime cependant que le compte n'y est toujours pas avec la copie actuelle du budget.
"Toujours pas de statut du bailleur privé, retour à une RLS (réduction du loyer de solidarité) de 1,3 milliard d'euros, baisse de 500 millions d'euros du budget de MaPrimeRénov', TVA remontée à 20 % pour les pompes à chaleur hybrides et le solaire... Donc potentiellement une situation de blocage qui pourrait intervenir dès vendredi [19 décembre], même si rien n’est acté à ce jour", résume Olivier Salleron.
Troisième année de recul de l'activité
Si le bâtiment espère un rebond, c'est parce que 2025 marque la troisième année de recul de son activité. Le chiffre d'affaires de la filière, qui a déjà perdu 1,2 % et 6 % en 2023 et 2024, recule encore de 4 % en 2025. Une diminution essentiellement imputable à la production de logements neufs, dont les mises en chantier se sont effondrées d'environ 40 % entre 2021 et 2024.
"Il y a eu un petit sursaut en 2025 mais les niveaux sont les plus bas enregistrés depuis 30-40 ans", précise le patron de la FFB. L'exercice se clôt en effet avec 283.000 logements commencés, certes en hausse de 8,4 % sur un an, mais bien loin des 360.000 observés en moyenne sur la période de 1980 à 2025.
Les permis progressent pour leur part de 16,2 %, laissant espérer une croissance prochaine de l'individuel. "Le collectif se replie encore, avec un niveau qui sera encore trop faible : environ 290.000 mises en chantier", ajoute le responsable.
Allongement des délais de paiement
L'amélioration-entretien, qui englobe la rénovation et notamment la rénovation énergétique, voit son activité diminuer de 1,1 %. Une situation qui s'explique pour la FFB par l'instabilité permanente de MPR et des CEE (Certificats d'économies d'énergie), qui a fait baisser l'activité rénovation du résidentiel de 1,2 %, et celle du non résidentiel de 0,8 %.
"MPR, les CEE, Mon accompagnateur rénov', la lutte contre la fraude, le Fonds vert, la SNBC 3 (Stratégie nationale bas-carbone)... tout cela ne nous semble plus du tout compréhensible. On reste dans le flou, ce qui est normal au vu du rythme auquel changent les ministres… Mais cette instabilité est dévastatrice pour les entreprises. Aujourd’hui, on est dans l’urgence. Les mesures chirurgicales, on les connaît. Ce n’est pas la peine d’allumer des contre-feux, il y a des priorités."
- Olivier Salleron, président de la FFB
"On a besoin a minima d’un plan quinquennal sur la rénovation, donc de stabilité. Il faudra trouver des budgets mais certains en proposent, il faut peut-être les écouter", relève Olivier Salleron. Au total, l'activité du secteur du bâtiment s'est retranchée de 4 % en volume entre 2024 et 2025, "soit 8 milliards d'euros de moins".
Les conséquences sur l'emploi se font une nouvelle fois sentir : "On a encore perdu 20.000 salariés cette année. S’il n’y a pas de lueur d’espoir sur certains investissements, il y aura encore des licenciements en masse en 2026. Depuis 2022, ce sont 65.000 équivalents temps-plein qui ont disparu dans le bâtiment", alerte Olivier Salleron. Qui attire également l'attention sur un autre indicateur inquiétant : les délais de paiement des clients du bâtiment s'allongent, et s'envolent même pour les marchés publics, "ce qui est problématique pour les trésoreries et donc les défaillances d’entreprises".
Un espoir sur le logement
Pour 2026, le président de la FFB reconnaît "que nous avons été un peu optimistes". Les estimations tablent sur la bonne forme des mises en chantier et des permis de construire des logements neufs constatée en 2025, qui pourraient bondir de 9,5 % en volume, et jusqu'à +11,2 % pour l'individuel. Le collectif suivrait avec +7,5 %, tandis que le non résidentiel neuf connaîtrait une hausse très timide de 0,5 %, accusant le coup de l'érosion des bureaux et des bâtiments industriels ou assimilés.
Le projet de SNBC 3 fraîchement présenté par le Gouvernement fait réagir : pour rappel, le texte table toujours sur 800.000 rénovations par an, mais avec seulement 250.000 rénovations d’ampleur. "Le reste serait des rénovations permettant de gagner une classe ou deux de DPE (diagnostic de performance énergétique), mais sans préciser comment", glisse-t-on à la fédération. "Avec des pompes à chaleur ? C’est un pari, mais il n'est pas évident que l’installation d’une Pac permette de gagner des classes comme ça. Il y a un flou total sur la rénovation, c'est pourquoi il faut prendre le temps de se poser pour reconstruire un projet."
L'amélioration-entretien perdrait encore 0,5 %, dont -1,3 % pour la rénovation énergétique du logement. La production globale de la filière pourrait toutefois espérer rebondir de +1,8 %, ce qui n'empêcherait malheureusement pas les entreprises de supprimer 10.000 autres postes.
Repenser la politique de rénovation
Pour que la reprise soit au rendez-vous, la FFB appelle déjà au vote d'un PLF et d'un PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) consacrant un statut du bailleur privé "incitatif" et une baisse de la RLS ramenée de 1,3 milliard à 900 millions d'euros dans l'optique de relancer le logement social.
En parallèle, l'organisation patronale demande que le Fonds vert soit maintenu pour permettre aux collectivités territoriales de réaliser leurs chantiers de transition écologique. Alors que le nombre d’apprentis a reculé de 9 % à la rentrée 2025, elle plaide aussi pour pérenniser le financement public de l'apprentissage pour les premiers niveaux de formation (CAP, BP, Bac Pro et BTS) dans les CFA de la filière.
Les professionnels souhaitent en outre une refonte "efficace et pragmatique" de la Rep PMCB (responsabilité élargie du producteur pour les produits et matériaux de construction du bâtiment) au 1ᵉʳ janvier 2026, ainsi qu'une réflexion globale sur la rénovation énergétique, considérée comme étant "à bout de souffle".
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