Géothermie, IA et photovoltaïque : un combo gagnant pour les bâtiments publics et tertiaires ?

Déjà largement utilisée par les gestionnaires de parcs photovoltaïques avec des résultats de plus en plus précis, l’intelligence artificielle est-elle une promesse ou une révolution ? C’est la question que se sont posés les intervenants d’une table ronde le 11 décembre 2025 lors du Forum EnerGaïa.

Selon Michel Gioria, directeur général du Serce, syndicat regroupant les entreprises de la transition énergétique et numérique, "l’IA permet de faire deux choses extrêmement importantes. La première, c’est la maintenance prédictive. L’ensemble des données collectées – température des panneaux, images de drones, etc – permettent de détecter en amont les dysfonctionnements et d’intervenir avant qu’il n'y ait des dégradations trop importantes. Le deuxième usage qui est en train de se développer, c’est la prévision de la production."

L'IA, de la maintenance prédictive à la valorisation de la production photovoltaïque

Un modèle qui peut faire gagner de l’argent, souligne aussi Jean-Louis Haller, responsable des activités d'expertise numérique pour Eiffage Énergie : "Il devient de plus en plus rémunérateur de pouvoir s’effacer d’un réseau ou d’injecter un complément pour passer un pic de consommation. Pour cela, il faut savoir le plus précisément possible à quel moment, voire même à quelle minute on a besoin de ce gain de puissance ou de s’effacer du réseau. Cette précision, on ne peut pas l’obtenir sans algorithme d’intelligence artificielle. Nous accompagnons donc de plus en plus de clients dans ce sens."

Benoît Froidurot, directeur de l’innovation chez Equans Solar & Storage, évoque également l’utilisation de l’IA pour améliorer la robotique, en permettant au robot d’apprendre de manière indépendante : "Nous avons accompagné une entreprise sur le développement d'un robot d’installation de centrales solaires : au début, il avait besoin d’une minute trente pour installer un module avec une précision d’un centimètre. Moins d’un an plus tard, il n’avait plus besoin que de 30 secondes avec une précision à 1 mm."

D’autres usages, comme l’aide à la conception de projet et à son étude de fiabilité, pourraient également être d’une grande aide pour simplifier les démarches et les allers-retours entre les porteurs de projet et l’administration, complète Michel Gioria. La table ronde s’est conclue en rappelant cependant les limites de l’IA et son coût non négligeable sur le plan écologique, en raison de la consommation d’énergie nécessaire à son fonctionnement. Une technologie à utiliser avec discernement !

Géothermie et géocooling couplés à une pompe à chaleur

Si la géothermie n’est pas une nouveauté, elle est encore relativement peu exploitée pour les bâtiments publics et tertiaires, et ce malgré ses avantages. En effet, sur les 210.000 installations géothermiques comptabilisées en France, 90 % sont des projets implantés chez des particuliers. Cependant, les projets collectifs sont en augmentation rapide : ils étaient 100 en 2023 et 400 en 2024, ont insisté les intervenants d'un autre échange organisé le même jour, sur le même évènement.

Pour rappel, la géothermie consiste à aller chercher des calories sous terre ou dans des nappes d’eau souterraines, là où les températures sont stables. Elle peut être mise en place pratiquement partout sur le territoire français. Moins coûteuse et risquée que la géothermie profonde, la géothermie de surface (jusqu’à 200 mètres sous terre) est la plus répandue. Elle est mise en avant par l’Ademe (Agence de la transition écologique) via la démarche ENR’Choix, destinée aux collectivités territoriales, aux gestionnaires de patrimoine et aux aménageurs, au même titre que le solaire thermique.

Rémi Delprat, représentant l’AFPG (Association française des professionnels de la géothermie), met en avant un avantage de taille par rapport aux autres sources d’énergie renouvelable : sa capacité à générer du froid et de répondre à la problématique du confort d’été grâce au géocooling, couplé à une pompe à chaleur. "On récupère la fraîcheur du sous-sol ou de la nappe phréatique et on la fait circuler dans le bâtiment, sans utilisation d’énergie, mise à part la pompe pour faire tourner l’eau."

En Occitanie, le déploiement de la géothermie est presque systématique pour tous les lycées de la région, appuie Abdellah Aznay, responsable du service stratégie et performance énergétique de la région Occitanie. Il parle d’un "confort sans précédent" grâce au géocooling, dans une région où les températures peuvent être très élevées au-delà de la période juillet-août. Une solution qui semble faire l’unanimité : "Les températures restent à 26 °C même lorsqu’il fait 40 °C dehors", s’enthousiasme Jean-François Niveleau, ingénieur de l’Ademe. Attention cependant à bien dimensionner les projets pour qu’ils restent rentables : ainsi, choisir de ne rafraîchir que les zones du bâtiment les plus fréquentées est une bonne pratique.